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Natacha, une voix pour la longévité artistique

Dernière mise à jour : 11 févr.

Après 20 ans de silence, Natacha Tertone relance son projet musical. C’est à ce moment que je la  rencontre, aux BIS de Nantes, sur une table-ronde consacrée à l’âgisme dans le spectacle vivant.  Natacha rayonne de cette énergie créatrice et communicative. L’âge ? Peu importe. Ce qui compte pour elle, c’est inspirer de nouveaux modèles et créer encore, avec la richesse de son expérience. Avec ses failles comme ses forces. Voici son témoignage. 


Natacha © katerina zekopoulos

Est-ce que tu te reconnais dans ce mot, "vieille" ?


Non, évidemment. Je ne me reconnais pas là-dedans, probablement grâce au projet dans lequel je suis relancée depuis un an. Il me reconnecte avec l'insouciance que j'avais il y a 20 ans et avec le sentiment que tout est possible. Etant entourée d’énergies jeunes, ça contribue à mon sentiment d’être jeune. Je suis agissante, pas juste spectatrice. 


Il y a parfois des sensations physiques qui me font dire : "oh là là, je suis vieille". En répétition par exemple, il faut transporter du matériel. Ce n’est plus aussi facile qu’il y a 20 ans. Je mets des ceintures lombaires pour me rappeler que je dois porter correctement. Et puis quand je me mets devant le miroir, je vois bien que ma peau n’est plus aussi lisse qu’il y a 20 ans… où je trouvais déjà qu’elle ne l’était pas !


En dehors de ça, intellectuellement et artistiquement, je ne me sens pas du tout vieille. Comme je l’ai dit pendant la table-ronde des BIS, la ménopause n’est pas artistique !


Peux-tu en dire plus sur ton projet ?


C’est un projet de musiques actuelles. J’écris et compose des chansons que j’interprète ensuite en binôme avec un musicien, Bruno. On pourrait dire que c’est de la pop indé française avec un peu d’électro. A priori, pas le genre de musique qu’on imagine pour une quinqua, en tous cas dans mon  imaginaire. Ce qui est complètement idiot ! Il y a Madonna, P.J. Harvey, Zazie qui est plus dans la  variété… elles font des musiques tout à fait actuelles tout en étant plus âgées que moi. Mais ce mot, "quinqua", a tendance à renvoyer à quelque chose d’assez traditionnel.


Ce projet s’appelle donc Natacha Tertone. Il a eu une première saison entre 1998 et 2002. Malgré la belle reconnaissance professionnelle qu’il a suscitée, j’ai été contrainte de le mettre en suspens. Pendant quelques années j’ai fait une pause musicale pour élever mes enfants. J’ai repris le projet il y a un an.


Qu’est-ce qui t’a donné envie de relancer ce projet ?


L’envie ne m’avait jamais quittée. Ce qui m’a manqué, c’est l’énergie pour relancer le projet. J’ai gardé des regrets. Surtout qu’il ne manquait pas grand-chose pour que ça puisse perdurer à  l’époque !


Par un heureux hasard, j’ai croisé Bruno, mon binôme, au collège où nos deux filles étaient  scolarisées. On a reparlé de musique. Je lui ai proposé qu’on reparte ensemble. Pour moi, ça a  tout changé. Il y avait une grande confiance et une envie de travailler ensemble. Je savais qu’à  deux, ça ne pouvait que fonctionner. Avec Bruno, on a une super complémentarité, au niveau artistique et pas que. Non seulement on a repris à deux mais on a réussi à réactiver des partenaires. Nos producteurs de l’époque ont monté une association, NoldUp, qui soutient le  projet. 


Aujourd’hui je dirais que je me sens plus forte et plus fragile à la fois. Ces failles, c'est mon matériau de base. On les retrouve dans mes chansons.

Je ne voulais pas rester avec des regrets. C’était comme une blessure restée ouverte depuis 20 ans. J’attendais l’élan suffisant pour me relancer. Parce que c’est vraiment une mise à nu, avec  une prise de risque au niveau personnel. Mes textes et mes musiques, c’est mon âme qu’il y a  dedans. Les interpréter sur scène, n’en parlons pas !


Et puis j’ai deux enfants adolescents, qui ont 15 et 17 ans. Tous les deux sont passionnés de musique. Ça me semblait une bonne opportunité pour avoir des choses à échanger avec eux. Un moyen aussi de prolonger mon rôle de maman, en leur ouvrant la voie. En montrant un exemple qui n’est pas forcément celui qu’ils vont suivre. Je veux leur montrer que c’est possible, notamment pour ma fille : c’est possible d’avoir une carrière artistique à 50 ans même quand on est une femme. Car les femmes disparaissent généralement des scènes passé 30 ans


Quel est ton âge ressenti ? 


Ça dépend des jours. Même quand j’étais jeune, je n’avais pas l’impression d’être jeune. Pour moi  l’âge, ça n’a pas beaucoup de sens. À part biologiquement parlant. Je pense que le cerveau vieillit  moins vite que le corps. Et j’ai l’impression que la créativité gagne avec les années, énormément.  Ça n’a pas de sens pour moi de donner un chiffre comme ça n'en avait pas quand j'étais plus jeune. 


Comment dirais-tu que tu te transformes avec les années ?


Je pense que j’ouvre mon esprit. Je m’ouvre beaucoup plus qu’avant. Je suis beaucoup moins  étriquée. Quand je regarde la Natacha d’il y a 25 ans, je me dis : "qu’est-ce que c’est, ces a  priori ?". Aujourd’hui, je suis ouverte à tout. La maternité aussi m’a apporté ça. Parce qu’avoir  des enfants, mettre en place tout un tas de choses en espérant influencer leur développement et puis finalement se rendre compte qu’ils  iront dans le sens qui est le leur, c’est une sacrée leçon d’humilité. 


Aujourd’hui je dirais que je me sens plus forte et plus fragile à la fois. Il y a des failles. En même temps, il y en avait déjà à l’époque. Ces failles là, c’est mon matériau de base. On les retrouve dans mes chansons.


Est-ce que tu souhaites ajouter quelque chose ?


Il y a une particularité dans le monde du spectacle avec l'âge, surtout pour les femmes. Déjà à 28 ans, j’avais l’impression que c’était trop tard, que j'étais trop vieille. Maintenant, avec ce recul des années, je vois que j’ai toujours des choses à dire.  Peut-être même encore plus qu’à l’époque !


Je pense qu’il y a un vrai combat de société à mener. Je suis prête à porter cette parole là. Je pense aussi  que pour les plus jeunes femmes, c’est important de savoir qu’il est possible de durer en étant  artiste. On n’est pas un produit jetable. Je pense que la créativité se bonifie avec l’âge et je trouve dommage de se priver de toute l’expérience qu’on a acquise avec les années. Ça va donner des  paroles inspirantes ! Je le vois déjà avec les dernières chansons que j’ai écrites : j’ai le sentiment qu’elles tirent vers le haut par rapport à ce que je pouvais écrire à 25 ans. 


Quand est-ce qu’on pourra t’entendre ? 


Un premier single sort le 9 février prochain : "Les occasions manquées". Un deuxième en mars 2024. J’ai mon album enregistré en 2000, le "Grand déballage", qui est réédité début avril et mis à disposition sur toutes les plateformes de streaming en attendant le nouvel opus, en préparation pour 2025. Quelques dates de concerts aussi !


Pour aller + loin :

  • Ce premier single de Natacha Tertone, à découvrir ici

  • Le compte Instagram de Natacha, avec ses dates et actualités : @NatachaTertone 

  • Sa chaîne Youtube, pour découvrir sa voix et ses mélodies 


Propos recueillis le 24 Janvier 2024



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